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Quelle politique de Défense ? / Le retour du protectionnisme

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N°282 / 29 janvier 2023

Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.fr

Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 27 janvier 2023.

Avec cette semaine :

  • François Bujon de l’Estang, ambassadeur de France.
  • Nicole Gnesotto, vice-présidente de l’Institut Jacques Delors.
  • Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.
  • Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.

QUELLE POLITIQUE DE DÉFENSE ?

A Toulon, le 9 novembre, le président de la République a présenté la nouvelle Revue nationale stratégique. Rédigée en urgence pour tirer des leçons du conflit en Ukraine, elle constitue une première étape avant les débats sur la prochaine loi de programmation militaire 2024-2030. Le document liste dix objectifs stratégiques pour la défense des intérêts français, du maintien de la crédibilité de la dissuasion jusqu'au renforcement de la résilience nationale. Les fonctions stratégiques consacrées à l'anticipation, la dissuasion, la protection, la prévention et l'intervention sont élargies à l'influence, en étroite coopération avec la diplomatie. Elles se déclinent notamment dans la modernisation de la dissuasion nucléaire, la capacité à conduire la guerre de haute intensité, l'affirmation comme un acteur cyber de premier rang, la riposte aux menaces hybrides, la résilience de la nation et la mobilisation de l'économie au service de la défense. Le président a énuméré les conditions nécessaires pour que la France reste une « puissance d'équilibres » qui ne soit « ni alignée ni vassalisée ». La République populaire de Chine est désignée très clairement comme la future puissance ennemie des Occidentaux, du fait de sa volonté de déstabiliser le leadership mondial occidental ainsi que la gouvernance mondiale. Désormais, la lutte anti-terroriste n'est plus la priorité numéro un, mais c'est le durcissement des armées en vue d'une possible participation à un conflit majeur qui dictera la prochaine loi de programmation militaire. En Afrique, la France veut changer de modèle pour n'agir qu'à la demande des autorités africaines et seulement en appui de leurs armées. Il s’agit de basculer les forces françaises vers l'Est, avec la volonté d'inscrire la France comme un partenaire de premier plan de l'OTAN et de l'Europe. Une page se tourne.

Afin de mettre en œuvre cette stratégie, le 20 janvier, sur la base de Mont-de-Marsan, le Président a présenté les grandes orientations de la loi de programmation militaire (LPM). Les armées françaises bénéficieront d'un budget de 413 milliards d'euros (400 milliards de crédits budgétaires et 13 milliards de recettes extra-budgétaires), sur la période 2024-2030. Soit 40% de plus que l'enveloppe de la précédente LPM et une moyenne de 59 milliards d'euros par an consacrés aux dépenses militaires. « En 2030, le budget des armées aura doublé depuis 2017 », a tweeté le 20 janvier le ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Afin de pouvoir anticiper et conserver une autonomie de décision, le président a promis une très forte hausse du budget alloué au renseignement militaire. Soit près de 60% sur la période 2024-2030. Emmanuel Macron souhaite en particulier la mise en place d'une stratégie nationale d'influence pour mieux protéger le pays contre les attaques hybrides, et notamment les attaques informationnelles. Il utilise le terme de « transformation » pour caractériser cette nouvelle LPM, après que la précédente (2019-2023) a été qualifiée de « réparation ».

Le projet de loi de programmation militaire devrait être déposé courant mars à l’Assemblée nationale, en vue d'une adoption avant le 14 juillet.

***

LE RETOUR DU PROTECTIONNISME

Après quarante ans de mondialisation, les Etats se mettent à protéger au niveau national des pans entiers de leurs industries et de leurs économies. Dès la crise de 2008, provoquée par une défaillance du système financier américain, les vieux réflexes protectionnistes avaient déjà refait surface. En 2013, les Chinois avaient programmé des centaines de milliards de dollars d’aide publique pour déployer, jusqu’en 2025, la chaîne complète de fabrication des semi-conducteurs de demain. Depuis trois ans, avec le Covid, la guerre en Ukraine, la transition climatique, un même mot d'ordre s'est imposé, de Pékin à Washington : celui de protéger les populations, mais aussi les marchés, des aléas extérieurs. Classiquement, le protectionnisme définit une politique qui vise à diminuer les importations. Le concept s'est élargi ces derniers temps jusqu'à embrasser toute mesure de soutien national dont l’augmentation des tarifs douaniers, la distribution de subventions, les mesures réglementaires ciblées, les politiques de soutien à l'industrie et à l'innovation... Avec un objectif principal : fabriquer soi-même les produits incontournables pour assurer croissance et souveraineté. Le prix à la consommation n’est plus l’unique critère du succès d’un service ou d’un bien. Les conditions de production comptent aussi notamment le souci de l’environnement, du maintien de l’emploi sur place, du raccourcissement des chaînes de production.

Aux États-Unis, l'Inflation Reduction Act (IRA) de Joe Biden, visant à faciliter la transition énergétique, entré en vigueur le 1er janvier est doté de 369 milliards de dollars de subventions, de primes, d’exemption d’impôts pour les fabricants de batteries et de voitures électriques à condition qu’elles soient, les unes et les autres, assemblées aux Etats-Unis. Cette politique industrielle volontariste a suscité l'inquiétude des Européens, car l'IRA risque d'entraîner une diminution des exportations vers les Etats-Unis sur les produits aidés, une moindre attractivité de l'Europe en termes d'investissements étrangers et des délocalisations vers les Etats-Unis. A Bruxelles, une série de lois ont été adoptées contre les entreprises étrangères dopées aux subventions, contre la coercition économique, sur la réciprocité des marchés publics et sur la nécessité de protéger ses intérêts en cas de pénurie mondiale. On y parle désormais relocalisation, réindustrialisation, politique industrielle commune et même souveraineté économique. A Davos, le 17 janvier, la présidente de la Commission européenne a annoncé une législation sur une « industrie à zéro émission nette ». Elle a proposé la création d'un « fonds de souveraineté » européen qui permette l'accès de tous à des moyens comparables, y compris des « aides anti-délocalisation ». Pas question à ce stade de lever de nouveaux emprunts communs, après le plan de relance massif post-Covid à 750 milliards d'euros. Il s'agirait plutôt de recycler et de réorienter des reliquats de ce fonds, ainsi que des ressources du budget de l'UE. La Commission doit affiner ses propositions d'ici au début février et les chefs d'État et de gouvernements tenteront de trouver un accord lors d'un sommet extraordinaire les 9 et 10 février.

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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  • Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.
  • Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.

QUELLE POLITIQUE DE DÉFENSE ?

A Toulon, le 9 novembre, le président de la République a présenté la nouvelle Revue nationale stratégique. Rédigée en urgence pour tirer des leçons du conflit en Ukraine, elle constitue une première étape avant les débats sur la prochaine loi de programmation militaire 2024-2030. Le document liste dix objectifs stratégiques pour la défense des intérêts français, du maintien de la crédibilité de la dissuasion jusqu'au renforcement de la résilience nationale. Les fonctions stratégiques consacrées à l'anticipation, la dissuasion, la protection, la prévention et l'intervention sont élargies à l'influence, en étroite coopération avec la diplomatie. Elles se déclinent notamment dans la modernisation de la dissuasion nucléaire, la capacité à conduire la guerre de haute intensité, l'affirmation comme un acteur cyber de premier rang, la riposte aux menaces hybrides, la résilience de la nation et la mobilisation de l'économie au service de la défense. Le président a énuméré les conditions nécessaires pour que la France reste une « puissance d'équilibres » qui ne soit « ni alignée ni vassalisée ». La République populaire de Chine est désignée très clairement comme la future puissance ennemie des Occidentaux, du fait de sa volonté de déstabiliser le leadership mondial occidental ainsi que la gouvernance mondiale. Désormais, la lutte anti-terroriste n'est plus la priorité numéro un, mais c'est le durcissement des armées en vue d'une possible participation à un conflit majeur qui dictera la prochaine loi de programmation militaire. En Afrique, la France veut changer de modèle pour n'agir qu'à la demande des autorités africaines et seulement en appui de leurs armées. Il s’agit de basculer les forces françaises vers l'Est, avec la volonté d'inscrire la France comme un partenaire de premier plan de l'OTAN et de l'Europe. Une page se tourne.

Afin de mettre en œuvre cette stratégie, le 20 janvier, sur la base de Mont-de-Marsan, le Président a présenté les grandes orientations de la loi de programmation militaire (LPM). Les armées françaises bénéficieront d'un budget de 413 milliards d'euros (400 milliards de crédits budgétaires et 13 milliards de recettes extra-budgétaires), sur la période 2024-2030. Soit 40% de plus que l'enveloppe de la précédente LPM et une moyenne de 59 milliards d'euros par an consacrés aux dépenses militaires. « En 2030, le budget des armées aura doublé depuis 2017 », a tweeté le 20 janvier le ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Afin de pouvoir anticiper et conserver une autonomie de décision, le président a promis une très forte hausse du budget alloué au renseignement militaire. Soit près de 60% sur la période 2024-2030. Emmanuel Macron souhaite en particulier la mise en place d'une stratégie nationale d'influence pour mieux protéger le pays contre les attaques hybrides, et notamment les attaques informationnelles. Il utilise le terme de « transformation » pour caractériser cette nouvelle LPM, après que la précédente (2019-2023) a été qualifiée de « réparation ».

Le projet de loi de programmation militaire devrait être déposé courant mars à l’Assemblée nationale, en vue d'une adoption avant le 14 juillet.

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LE RETOUR DU PROTECTIONNISME

Après quarante ans de mondialisation, les Etats se mettent à protéger au niveau national des pans entiers de leurs industries et de leurs économies. Dès la crise de 2008, provoquée par une défaillance du système financier américain, les vieux réflexes protectionnistes avaient déjà refait surface. En 2013, les Chinois avaient programmé des centaines de milliards de dollars d’aide publique pour déployer, jusqu’en 2025, la chaîne complète de fabrication des semi-conducteurs de demain. Depuis trois ans, avec le Covid, la guerre en Ukraine, la transition climatique, un même mot d'ordre s'est imposé, de Pékin à Washington : celui de protéger les populations, mais aussi les marchés, des aléas extérieurs. Classiquement, le protectionnisme définit une politique qui vise à diminuer les importations. Le concept s'est élargi ces derniers temps jusqu'à embrasser toute mesure de soutien national dont l’augmentation des tarifs douaniers, la distribution de subventions, les mesures réglementaires ciblées, les politiques de soutien à l'industrie et à l'innovation... Avec un objectif principal : fabriquer soi-même les produits incontournables pour assurer croissance et souveraineté. Le prix à la consommation n’est plus l’unique critère du succès d’un service ou d’un bien. Les conditions de production comptent aussi notamment le souci de l’environnement, du maintien de l’emploi sur place, du raccourcissement des chaînes de production.

Aux États-Unis, l'Inflation Reduction Act (IRA) de Joe Biden, visant à faciliter la transition énergétique, entré en vigueur le 1er janvier est doté de 369 milliards de dollars de subventions, de primes, d’exemption d’impôts pour les fabricants de batteries et de voitures électriques à condition qu’elles soient, les unes et les autres, assemblées aux Etats-Unis. Cette politique industrielle volontariste a suscité l'inquiétude des Européens, car l'IRA risque d'entraîner une diminution des exportations vers les Etats-Unis sur les produits aidés, une moindre attractivité de l'Europe en termes d'investissements étrangers et des délocalisations vers les Etats-Unis. A Bruxelles, une série de lois ont été adoptées contre les entreprises étrangères dopées aux subventions, contre la coercition économique, sur la réciprocité des marchés publics et sur la nécessité de protéger ses intérêts en cas de pénurie mondiale. On y parle désormais relocalisation, réindustrialisation, politique industrielle commune et même souveraineté économique. A Davos, le 17 janvier, la présidente de la Commission européenne a annoncé une législation sur une « industrie à zéro émission nette ». Elle a proposé la création d'un « fonds de souveraineté » européen qui permette l'accès de tous à des moyens comparables, y compris des « aides anti-délocalisation ». Pas question à ce stade de lever de nouveaux emprunts communs, après le plan de relance massif post-Covid à 750 milliards d'euros. Il s'agirait plutôt de recycler et de réorienter des reliquats de ce fonds, ainsi que des ressources du budget de l'UE. La Commission doit affiner ses propositions d'ici au début février et les chefs d'État et de gouvernements tenteront de trouver un accord lors d'un sommet extraordinaire les 9 et 10 février.

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