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Walter Baier, un «Spitzenkandidat» communiste bien seul à la tête de la gauche radicale
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Dans le sillage des élections européennes du 9 juin, il y aura aussi les postes clés dans les institutions européennes à renouveler. Le plus important : la présidence de la Commission. Ursula von der Leyen est candidate à sa succession, mais elle n’est pas seule en lice. Parmi les prétendants issus de sept partis, les « Spitzenkandidaten » (ou têtes de liste), il y a le communiste Walter Baier du Parti de la gauche européenne (PGE). Fait étonnant, l’économiste âgé de 70 ans est un parfait inconnu en Europe.
Walter Baier est un véritable ovni à Bruxelles, il n’a jamais été député européen ou joué un rôle dans les institutions européennes. Confronté à ce manque d’expérience, il a tenté d’en faire un atout, lors d’un débat avec ses concurrents :« L’Europe, ce n’est pas seulement Bruxelles. L’Europe, ce sont 27 pays et des millions de citoyens. La gauche européenne veut être la voix de ces citoyens, qui ne sont que rarement entendus à Bruxelles. »
Pour en savoir plus sur ce candidat, il faut chercher du côté de l’Autriche, son pays natal, où on apprend qu’il est une figure bien connue du communisme autrichien. À partir des années 1970, Walter Baier gravit un par un les échelons du KPÖ, parti encore totalement aux ordres de Moscou. À cette époque, bien avant la chute du mur en 1989, Russes et Allemands de l’Est se servent d’ailleurs de leurs camarades autrichiens pour faire des affaires de l’autre côté du rideau de fer.
Communisme autrichien
Walter Baier incarne ce passé sulfureux :« C’est un fonctionnaire communiste depuis très longtemps, il vient d’une famille communiste. D’ailleurs, c’est l’incarnation de la vieille domination de l’URSS sur les partis communistes en Europe, estime le chercheur Patrick Moreau. Dans les documents que j’ai à ma disposition sur le financement du KPÖ, on voit que la Russie versait depuis fort longtemps 250 000 dollars chaque année au KPÖ. Naturellement, Walter Baier était au courant de ça. Il était à la fois l’homme du SED, le parti dominant en Allemagne de l’Est, et il était l’homme de Moscou. » De cette époque faste du parti communiste autrichien, des dizaines de millions d’euros restent d’ailleurs à ce jour introuvables.
Cette proximité avec la Russie influence encore aujourd’hui les combats politiques de Walter Baier. Il suffit de prendre l’exemple la guerre en Ukraine. Walter Baier prône une « solution politique » et dit que « la fin des combats ne peut plus résulter du champ de bataille ». Bien qu’il se prononce en faveur de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine, Walter Baier reste flou sur le sort des régions occupées par la Russie. « Il suit en réalité la ligne du président russe Vladimir Poutine qui consiste à dire qu’il faut impérativement négocier la paix au plus vite, analyse Patrick Moreau. Ce qui impliquerait donc une partition de l’Ukraine, c’est-à-dire de facto : ce que la Russie a pris à l’Ukraine devrait revenir à la Russie. »
À lire aussiSuivez les résultats des élections européennes 2024
Rempart contre l’extrême droite
L’un des thèmes de campagne du candidat du PGE est la lutte contre l’extrême droite. Walter Baier se voit comme un rempart contre la montée du populisme et accuse Ursula von der Leyen de flirter avec l’extrême droite. L’actuelle présidente de la Commission n’a en effet pas fermé la porte à une éventuelle collaboration entre son groupe de centre droit, le Parti populaire européen (PPE) et le groupe ultranationaliste des Conservateurs et Réformistes européens (CRE).
« Il ne peut y avoir le moindre compromis avec l’extrême droite, lance alors le candidat dans un débat entre les "Spitzenkandidaten" à l’adresse d’Ursula von der Leyen. J’étais choqué de vous entendre dire que la coopération avec eux dépendrait du résultat des élections. Pour moi, la question sociale est essentielle. Tant que nous n’offrons pas une vie digne, des logements abordables et des emplois stables aux gens, nous ne serons pas capables de vaincre l’extrême droite en Europe. »
Pas l’unanimité
Peut-il marquer des points sur ce terrain de la lutte contre l’extrême droite ? « Il est crédible sur ce point, les partis communistes ont une tradition fortement antifasciste, dit Andreas Eisl, chercheur à l’institut Jacques Delors et Autrichien comme Walter Baier, mais c’est un sujet mis en avant aussi par d’autres partis européens, notamment les sociaux-démocrates. Pour proposer quelque chose de crédible, il faut de l’unité. C’est l’un des grands problèmes de la gauche radicale qui reste très fragmentée. »
Walter Baier ne fait en effet pas l’unanimité au sein de sa famille politique. Si ses camarades français du PCF soutiennent sa candidature, ce n’est pas le cas de La France insoumise, ni des Espagnols de Podemos et encore moins du Die Linke allemand. Pour eux, Walter Baier fait partie de la vieille garde communiste, dont ils préfèrent prendre leurs distances.
À lire aussiEn Autriche, l'immigration au cœur des européennes
62 episoade
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Dans le sillage des élections européennes du 9 juin, il y aura aussi les postes clés dans les institutions européennes à renouveler. Le plus important : la présidence de la Commission. Ursula von der Leyen est candidate à sa succession, mais elle n’est pas seule en lice. Parmi les prétendants issus de sept partis, les « Spitzenkandidaten » (ou têtes de liste), il y a le communiste Walter Baier du Parti de la gauche européenne (PGE). Fait étonnant, l’économiste âgé de 70 ans est un parfait inconnu en Europe.
Walter Baier est un véritable ovni à Bruxelles, il n’a jamais été député européen ou joué un rôle dans les institutions européennes. Confronté à ce manque d’expérience, il a tenté d’en faire un atout, lors d’un débat avec ses concurrents :« L’Europe, ce n’est pas seulement Bruxelles. L’Europe, ce sont 27 pays et des millions de citoyens. La gauche européenne veut être la voix de ces citoyens, qui ne sont que rarement entendus à Bruxelles. »
Pour en savoir plus sur ce candidat, il faut chercher du côté de l’Autriche, son pays natal, où on apprend qu’il est une figure bien connue du communisme autrichien. À partir des années 1970, Walter Baier gravit un par un les échelons du KPÖ, parti encore totalement aux ordres de Moscou. À cette époque, bien avant la chute du mur en 1989, Russes et Allemands de l’Est se servent d’ailleurs de leurs camarades autrichiens pour faire des affaires de l’autre côté du rideau de fer.
Communisme autrichien
Walter Baier incarne ce passé sulfureux :« C’est un fonctionnaire communiste depuis très longtemps, il vient d’une famille communiste. D’ailleurs, c’est l’incarnation de la vieille domination de l’URSS sur les partis communistes en Europe, estime le chercheur Patrick Moreau. Dans les documents que j’ai à ma disposition sur le financement du KPÖ, on voit que la Russie versait depuis fort longtemps 250 000 dollars chaque année au KPÖ. Naturellement, Walter Baier était au courant de ça. Il était à la fois l’homme du SED, le parti dominant en Allemagne de l’Est, et il était l’homme de Moscou. » De cette époque faste du parti communiste autrichien, des dizaines de millions d’euros restent d’ailleurs à ce jour introuvables.
Cette proximité avec la Russie influence encore aujourd’hui les combats politiques de Walter Baier. Il suffit de prendre l’exemple la guerre en Ukraine. Walter Baier prône une « solution politique » et dit que « la fin des combats ne peut plus résulter du champ de bataille ». Bien qu’il se prononce en faveur de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine, Walter Baier reste flou sur le sort des régions occupées par la Russie. « Il suit en réalité la ligne du président russe Vladimir Poutine qui consiste à dire qu’il faut impérativement négocier la paix au plus vite, analyse Patrick Moreau. Ce qui impliquerait donc une partition de l’Ukraine, c’est-à-dire de facto : ce que la Russie a pris à l’Ukraine devrait revenir à la Russie. »
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Rempart contre l’extrême droite
L’un des thèmes de campagne du candidat du PGE est la lutte contre l’extrême droite. Walter Baier se voit comme un rempart contre la montée du populisme et accuse Ursula von der Leyen de flirter avec l’extrême droite. L’actuelle présidente de la Commission n’a en effet pas fermé la porte à une éventuelle collaboration entre son groupe de centre droit, le Parti populaire européen (PPE) et le groupe ultranationaliste des Conservateurs et Réformistes européens (CRE).
« Il ne peut y avoir le moindre compromis avec l’extrême droite, lance alors le candidat dans un débat entre les "Spitzenkandidaten" à l’adresse d’Ursula von der Leyen. J’étais choqué de vous entendre dire que la coopération avec eux dépendrait du résultat des élections. Pour moi, la question sociale est essentielle. Tant que nous n’offrons pas une vie digne, des logements abordables et des emplois stables aux gens, nous ne serons pas capables de vaincre l’extrême droite en Europe. »
Pas l’unanimité
Peut-il marquer des points sur ce terrain de la lutte contre l’extrême droite ? « Il est crédible sur ce point, les partis communistes ont une tradition fortement antifasciste, dit Andreas Eisl, chercheur à l’institut Jacques Delors et Autrichien comme Walter Baier, mais c’est un sujet mis en avant aussi par d’autres partis européens, notamment les sociaux-démocrates. Pour proposer quelque chose de crédible, il faut de l’unité. C’est l’un des grands problèmes de la gauche radicale qui reste très fragmentée. »
Walter Baier ne fait en effet pas l’unanimité au sein de sa famille politique. Si ses camarades français du PCF soutiennent sa candidature, ce n’est pas le cas de La France insoumise, ni des Espagnols de Podemos et encore moins du Die Linke allemand. Pour eux, Walter Baier fait partie de la vieille garde communiste, dont ils préfèrent prendre leurs distances.
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