Pierre Michon (2/3)
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Bookmakers #31 - L’auteur du mois : Pierre Michon
Né en 1945 dans un hameau de la Creuse, Pierre Michon se voit parfois comme « le dernier écrivain du XIXe siècle ». En 1984, il publie ses fameuses « Vies minuscules » aujourd’hui considéré comme un classique, départ d’une œuvre exigeante constituée d’une douzaine de livres brefs portés par son goût des histoires en costumes, où sont peints les malheurs de Van Gogh (« Vie de Joseph Roulin ») ou les « infimes effets » du génie de Rimbaud (« Rimbaud le fils »). Détail : parmi ses protagonistes, il y a toujours un Pierre, un Pierrot, un Piero, un Piotr – ou un Robes/Pierre, comme dans « Les Onze » (2009), récompensé du grand prix de l’Académie française.
C’est son « premier soleil ». Un livre vénéré, cent fois commenté, étudié à l’université, qui fête cette rentrée ses quarante étés. Un premier roman devenu classique, à la croisée de Faulkner et de Flaubert, publié par Gallimard en 1984 après deux ans de querelles internes, où un abbé meurt de ses excès, où des paysans s’échinent « près un rameau décharné de glycine » en rêvant d’Afrique ou d’Amérique. « Vies minuscules » de Pierre Michon, c’est l’entrée en littérature du fils de l’institutrice d’un village rural, le « salut » tant espéré d’un lettré tapageur jadis porté sur la bouteille, qui de son propre aveu « se traîna jusqu’à 40 ans à ne rien foutre de ses dix doigts ».
Michon se retroussa pourtant les manches pour accoucher de huit petites biographies sur de merveilleux modestes. Un coup de maître selon la critique, longtemps boudé par le public, sans doute refroidi par ces longues phrases pleines de points-virgules et d’imparfait du subjonctif, qui souvent touchent au sublime.
Pour ce deuxième épisode, Pierre Michon retourne dans les coulisses de son chef-d’œuvre inaugural, vendus tous formats confondus à 185 000 exemplaires. S’est-il piégé lui-même en démarrant trop fort ? A-t-il été muséifié de son vivant par trop de colloques dithyrambiques consacrés à son œuvre ? Est-il encore hanté par cette phrase de Balzac placée en ouverture d’un de ses livres : « Tu pourras être un grand écrivain, mais tu ne seras jamais qu’un petit farceur » ? Pour le savoir, soulevons l’opercule de cet opuscule majuscule.
Enregistrements : juin 2024 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prises de son : Mathilde Guermonprez - Montage : Timothée Lerolle - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Lectures : Timothée Lerolle - Musiques originales : Samuel Hirsch - Batterie, synthétiseurs : Ricky Hollywood - Illustration : Sylvain Cabot - Remerciements : Yann Potin101 episoade