Épisode 31 ~ Petit traité de placemaking avec Jérôme Barth et Jérôme Glad
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Qu’est-ce que le placemaking au juste ? Ce néologisme toujours mal traduit — vous allez entendre nos laborieux efforts de traduction lors de cet épisode ! — a le vent dans les voiles en aménagement depuis une dizaine d’années. Le terme tente en somme de définir un type d’initiative agile visant à activer des espaces publics sous-utilisés ou abandonnés avec des aménagements temporaires et une programmation culturelle.
On en parle ici avec deux jeunes vétérans en placemaking. Jérôme Barth œuvre à l’animation de Bryant Park à Manhattan depuis la fin des années 1990 et a aussi participé à la création du High Line. Jérôme Glad, lui, est cofondateur de La Pépinière | Espaces collectifs en 2014. Depuis peu, ils ont cofondé Belleville Placemaking, une boîte de conseil qui a comme objectif d’accompagner des communautés et des municipalités cherchant à valoriser des espaces publics.
Après avoir connu une période d’effervescence à Montréal au milieu de la dernière décennie, le placemaking est à la croisée des chemins. La multiplication des espaces thématiques et des organismes pratiquant cette approche mène quelque peu à une saturation, faisant apparaître des failles dans cette approche devenue formule. Palettes, dessins au sol et ampoules suspendues ont en effet fini par constituer les artéfacts d’une esthétique signalant à elle seule le désir d’appropriation d’un espace. Les motivations de certains acteurs derrière ces initiatives ont aussi fini par faire sourciller, quand il s’agit par exemple d’une entreprise qui crée placettes et buvettes pour attirer une jeune clientèle et gonfler son capital social. Il y a enfin cette ferveur à animer tout espace urbain qu’on a fini par critiquer. A-t-on besoin de tout activer, et pour qui ? Ne vaudrait-il pas mieux garder certains espaces en jachère ?
Mais le placemaking a plus à offrir selon les Jérôme, et gagnera peut-être à sortir de cette phase d’effervescence pour s’incarner différemment dans la fabrique de la ville, toujours à la marge des approches aménagistes plus classiques, mais en mesure d’opérer plus discrètement et agilement une adaptation des espaces publics aux besoins exprimés en temps réel par des populations locales. La discussion révèle d’ailleurs l’intérêt de repenser le placemaking comme une pratique au fond très ancienne : de l’animation des piazzas italiennes jusqu’aux expériences américaines suivant les travaux de William H. Whyte aux États-Unis depuis la fin des années 1970, il y a une trame de fond qui unit le placemaking depuis longtemps, soit l’envie de faire ville à partir et autour des espaces publics. Un « villéalisme » ? À vous de voir si l’idée peut survivre à cette conversation…
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