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Jean Pisani-Ferry: «Michel Barnier est l'otage du Rassemblement national»

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Cette rentrée européenne est marquée par la formation de la nouvelle Commission européenne d'Ursula von der Leyen, mais surtout, en France, par la nomination d'un nouveau Premier ministre, 50 jours après la démission de Gabriel Attal. Emmanuel Macron a nommé Michel Barnier, un bon connaisseur de Bruxelles, négociateur principal du Brexit, nommé par le président de la Commission de l'époque, par Jean-Claude Juncker. « C'est un grand soulagement pour la capitale européenne », estime l'économiste Jean Pisani-Ferry, qui est notre invité cette semaine. Professeur à Science Po Paris et au think tank européen Bruegel, il revient sur les conséquences européennes de cette nomination.

Pour Jean Pisani-Ferry, le nouveau locataire de Matignon est dans une position difficile, car « la gauche va certainement déposer une motion de censure. Elle ne sera pas votée. D'une certaine manière, Michel Barnier est l'otage du Rassemblement national. » Après deux mois d'âpres débats autour du nom du nouveau Premier ministre, la nomination d'une figure de la droite française à Matignon a provoqué la colère du Nouveau Front populaire, arrivé en tête des élections législatives. Pour notre invité, la France aurait à gagner en s'inspirant d'autres pays européens, plus habitués aux négociations de coalition : « Si nous étions un pays européen "normal", dans lequel on fait les élections et puis après on voit quelle majorité peut se constituer [...] on négocierait un accord de coalition avec des concessions de part et d'autre. Chacun définit ses lignes rouges, chacun définit ses priorités et sur cette base, on constitue un accord de coalition. »

Les défis qui attendent le nouveau Premier ministre français sont de taille, notamment sur le plan économique : Bercy table sur un déficit de 5.6% en 2024, ce qui signifie, selon Jean Pisani-Ferry, un « effort d'ajustement de 120 milliards d'euros sur plusieurs années ». Pour lui, cela « passera nécessairement par plus d'impôts – un tiers par les impôts et deux tiers par les dépenses » donc les coupes budgétaires. Ce qui signifie un changement majeur pour le pays et pour le nouveau Premier ministre, pourtant issu des rangs des Républicains, car « ça va marquer la fin de la hausse des prélèvements, et plus particulièrement revenir sur le tabou de la hausse des prélèvements sur les plus fortunés. »

L'économie de l'Union européenne est aussi à un tournant : le rapport Draghi sur la Compétitive de l'UE et Jean Pisani-Ferry considèrent que le continent a déjà pris trop de retard par rapport à ses concurrents principaux. « Aujourd'hui, nous avons un retard considérable sur la productivité par rapport aux États-Unis. Le retard s'est creusé de manière importante au cours des dernières années. Nous avons une situation dans laquelle, sur des industries comme les industries d'armement, on n'a pas de système intégré sur tout ce qui est innovation, technologie. On est en retard. » Alors que le contenu du rapport Draghi n'est pas encore entièrement connu, M. Pisani-Ferry fait la proposition suivante : « Il faut absolument introduire plus de flexibilité dans le budget européen. »

La nouvelle Commission d'Ursula von der Leyen est aussi déjà sous pression politique, notamment concernant sa composition et son manque de parité homme/femme. Pour Jean Pisani-Ferry, si les pays membres de l'UE ont échoué à proposer suffisamment de candidates femmes, ce sera désormais au Parlement européen d'arbitrer, et il s'attend à des sanctions : « Le Parlement ne laissera pas faire parce que la parité faisait partie des acquis de la dernière Commission von der Leyen. [...] Le Parlement va nécessairement mettre sur le grill un certain nombre de commissaires potentiels, et ça ne m'étonnerait pas qu'ils créent des difficultés. »

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Pour Jean Pisani-Ferry, le nouveau locataire de Matignon est dans une position difficile, car « la gauche va certainement déposer une motion de censure. Elle ne sera pas votée. D'une certaine manière, Michel Barnier est l'otage du Rassemblement national. » Après deux mois d'âpres débats autour du nom du nouveau Premier ministre, la nomination d'une figure de la droite française à Matignon a provoqué la colère du Nouveau Front populaire, arrivé en tête des élections législatives. Pour notre invité, la France aurait à gagner en s'inspirant d'autres pays européens, plus habitués aux négociations de coalition : « Si nous étions un pays européen "normal", dans lequel on fait les élections et puis après on voit quelle majorité peut se constituer [...] on négocierait un accord de coalition avec des concessions de part et d'autre. Chacun définit ses lignes rouges, chacun définit ses priorités et sur cette base, on constitue un accord de coalition. »

Les défis qui attendent le nouveau Premier ministre français sont de taille, notamment sur le plan économique : Bercy table sur un déficit de 5.6% en 2024, ce qui signifie, selon Jean Pisani-Ferry, un « effort d'ajustement de 120 milliards d'euros sur plusieurs années ». Pour lui, cela « passera nécessairement par plus d'impôts – un tiers par les impôts et deux tiers par les dépenses » donc les coupes budgétaires. Ce qui signifie un changement majeur pour le pays et pour le nouveau Premier ministre, pourtant issu des rangs des Républicains, car « ça va marquer la fin de la hausse des prélèvements, et plus particulièrement revenir sur le tabou de la hausse des prélèvements sur les plus fortunés. »

L'économie de l'Union européenne est aussi à un tournant : le rapport Draghi sur la Compétitive de l'UE et Jean Pisani-Ferry considèrent que le continent a déjà pris trop de retard par rapport à ses concurrents principaux. « Aujourd'hui, nous avons un retard considérable sur la productivité par rapport aux États-Unis. Le retard s'est creusé de manière importante au cours des dernières années. Nous avons une situation dans laquelle, sur des industries comme les industries d'armement, on n'a pas de système intégré sur tout ce qui est innovation, technologie. On est en retard. » Alors que le contenu du rapport Draghi n'est pas encore entièrement connu, M. Pisani-Ferry fait la proposition suivante : « Il faut absolument introduire plus de flexibilité dans le budget européen. »

La nouvelle Commission d'Ursula von der Leyen est aussi déjà sous pression politique, notamment concernant sa composition et son manque de parité homme/femme. Pour Jean Pisani-Ferry, si les pays membres de l'UE ont échoué à proposer suffisamment de candidates femmes, ce sera désormais au Parlement européen d'arbitrer, et il s'attend à des sanctions : « Le Parlement ne laissera pas faire parce que la parité faisait partie des acquis de la dernière Commission von der Leyen. [...] Le Parlement va nécessairement mettre sur le grill un certain nombre de commissaires potentiels, et ça ne m'étonnerait pas qu'ils créent des difficultés. »

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