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1 Episode 21: The Heiress Who Helped End School Segregation 35:10
Christophe Lutundula (RDC): «Kagame veut obliger le président Tshisekedi à négocier avec ses protégés, le M23»
Manage episode 463523128 series 127992
Goma au cœur des combats… Douze ans après le premier assaut de novembre 2012, pourquoi le M23 et les soldats rwandais s'en prennent-ils à nouveau à la grande cité de l'Est de la République démocratique du Congo ? Pourquoi l'Union africaine réagit-elle avec mollesse ? Y a-t-il une issue à cette nouvelle guerre meurtrière ? Pendant trois ans, de 2021 à 2024, Christophe Lutundula a été le vice-Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères du Congo-Kinshasa. Aujourd'hui, il est sénateur et préside la Commission des relations extérieures de la Chambre Haute.
RFI : Christophe Lutundula, bonjour,
Christophe Lutundula : bonjour.
Pourquoi le M23 et le Rwanda ont-ils décidé d'attaquer Goma à la fin de ce mois de janvier ?
Je pense qu'il y a les raisons suivantes. La première, c'est que Goma, c'est une plaque tournante économique, particulièrement en ce qui concerne le commerce de produits miniers. Mais il y a une autre raison, une raison politique, c'est la soif d'hégémonie du président [Paul] Kagame. Il veut démontrer à la communauté internationale qu'il est le seul interlocuteur valable avec lequel il faut traiter en ce qui concerne les questions de sécurité, de paix et même les questions de coopération avec la région des Grands Lacs. C'est comme qui dirait qu’il veut devenir le successeur du président Mobutu Sese Seko qui a joué le même rôle pendant la période de la guerre froide.
Toujours sur le plan politique, en fait, il veut humilier le peuple congolais, en obligeant le président [Félix] Tshisekedi de négocier avec ses protégés qui constituent son cheval de Troie, les M23.
Cette attaque survient en effet cinq semaines après l'échec de la rencontre de Luanda, où Paul Kagame avait exigé que Félix Tshisekedi ouvre un dialogue avec les rebelles du M23. Le président congolais avait refusé, est-ce qu'aujourd'hui Paul Kagame cherche à imposer ce dialogue par la force ?
Mais il ne s'en est jamais caché, il a toujours dit qu'il n'y aura pas de solution s'il n'y a pas de négociations directes avec les M23. Mais là, je crois qu'il se trompe. Le président Tshisekedi, il a des fondamentaux. Quand il dit que c'est la ligne rouge, je crois que, j’ai travaillé avec lui pendant trois ans, ce sont des lignes, pas seulement le dialogue, il y a l'intégrité territoriale, la souveraineté. Je ne crois pas du tout que le président Tshisekedi va accepter. Il est vraiment catégorique et c'est toujours le fils de son père.
Vous pensez que Félix Tshisekedi va refuser ce dialogue direct avec les M23. Mais ce qui frappe les observateurs depuis trois jours, Christophe Lutundula, c'est le refus de l'Union africaine et des trois pays qui représentent l'Afrique au Conseil de sécurité, l'Algérie, la Sierra Léone, la Somalie, de nommer le Rwanda comme pays solidaire des rebelles du M23 dans l'attaque sur Goma. Comment expliquez-vous cette bienveillance à l'égard du président Kagame ?
Mais c'est très simple, ce sont des modus operandi, je n'ose pas dire l'ADN de l'Union africaine. Nous, nous en avons l'expérience. Nous avons connu une crise politique grave du temps du président Mobutu, de la Conférence nationale et ainsi de suite, l'Union africaine n'a rien fait. Il y a le grand barrage de la Renaissance qui oppose l'Éthiopie, le Soudan et l’Égypte, l'Union africaine s’est mise à l’écart. Donc ce n'est pas une surprise.
De toute façon, l'Afrique a un problème à assumer sa souveraineté. Être souverain, c’est être capable de résoudre ses problèmes par soi-même. Donc, il y a des intérêts économiques, les connexions avec les multinationales et les États qui soutiennent le président Kagame et qui profitent du pillage des ressources naturelles de la RDC. Donc des pays africains évitent de bousculer, d'indisposer ces États tutélaires.
En Afrique centrale, l'armée rwandaise est redoutée. Est-ce qu'elle fait peur à certains pays qui, du coup, n'osent pas se fâcher avec Kigali ?
On sait aujourd'hui que l'armée rwandaise est présente dans certains pays où elle protège justement certains intérêts. Je ne veux pas énerver la susceptibilité diplomatique de ces pays-là, il y a le Mozambique, où elle protège ce que vous savez, il y a la Centrafrique. Au Bénin, le Rwanda forme l'armée et on peut continuer la série ! Donc effectivement, c’est un élément qui intervient en conjugaison avec le fait d'éviter d'énerver la susceptibilité des tuteurs.
Je crois que, dans les circonstances actuelles, on doit être un peu plus ferme au niveau des décideurs. Et je crois que, dans ce sens-là, tous les mécanismes de vérification qui ont été mis en place ne valent pas la peine. Il faut les remplacer, à mon avis, par un dispositif de garanties mutuelles. Qu’est-ce que je veux dire par là ? Si on peut déployer le long de la frontière entre la RDC et le Rwanda une force internationale tampon, garantie par le Conseil de sécurité, l'Union européenne et peut-être l'Afrique avec le Conseil paix et sécurité, cela pourra permettre que les Rwandais sortent et que cette force garantisse qu'il n'y aura pas d'incursions.
Parce que le Rwanda parle des FDLR. Que de notre côté, le Rwanda va sortir, le M23 va se replier, rentrer dans ses positions d'antan, et cette force va créer les conditions du dialogue avec le Rwanda. Il faut ouvrir cette perspective-là, me semble-t-il.
Christophe Lutundula, merci.
À lire aussiRDC: des tirs entendus dans Goma, le M23 et ses alliés rwandais présents dans des quartiers
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113 episoade
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RFI : Christophe Lutundula, bonjour,
Christophe Lutundula : bonjour.
Pourquoi le M23 et le Rwanda ont-ils décidé d'attaquer Goma à la fin de ce mois de janvier ?
Je pense qu'il y a les raisons suivantes. La première, c'est que Goma, c'est une plaque tournante économique, particulièrement en ce qui concerne le commerce de produits miniers. Mais il y a une autre raison, une raison politique, c'est la soif d'hégémonie du président [Paul] Kagame. Il veut démontrer à la communauté internationale qu'il est le seul interlocuteur valable avec lequel il faut traiter en ce qui concerne les questions de sécurité, de paix et même les questions de coopération avec la région des Grands Lacs. C'est comme qui dirait qu’il veut devenir le successeur du président Mobutu Sese Seko qui a joué le même rôle pendant la période de la guerre froide.
Toujours sur le plan politique, en fait, il veut humilier le peuple congolais, en obligeant le président [Félix] Tshisekedi de négocier avec ses protégés qui constituent son cheval de Troie, les M23.
Cette attaque survient en effet cinq semaines après l'échec de la rencontre de Luanda, où Paul Kagame avait exigé que Félix Tshisekedi ouvre un dialogue avec les rebelles du M23. Le président congolais avait refusé, est-ce qu'aujourd'hui Paul Kagame cherche à imposer ce dialogue par la force ?
Mais il ne s'en est jamais caché, il a toujours dit qu'il n'y aura pas de solution s'il n'y a pas de négociations directes avec les M23. Mais là, je crois qu'il se trompe. Le président Tshisekedi, il a des fondamentaux. Quand il dit que c'est la ligne rouge, je crois que, j’ai travaillé avec lui pendant trois ans, ce sont des lignes, pas seulement le dialogue, il y a l'intégrité territoriale, la souveraineté. Je ne crois pas du tout que le président Tshisekedi va accepter. Il est vraiment catégorique et c'est toujours le fils de son père.
Vous pensez que Félix Tshisekedi va refuser ce dialogue direct avec les M23. Mais ce qui frappe les observateurs depuis trois jours, Christophe Lutundula, c'est le refus de l'Union africaine et des trois pays qui représentent l'Afrique au Conseil de sécurité, l'Algérie, la Sierra Léone, la Somalie, de nommer le Rwanda comme pays solidaire des rebelles du M23 dans l'attaque sur Goma. Comment expliquez-vous cette bienveillance à l'égard du président Kagame ?
Mais c'est très simple, ce sont des modus operandi, je n'ose pas dire l'ADN de l'Union africaine. Nous, nous en avons l'expérience. Nous avons connu une crise politique grave du temps du président Mobutu, de la Conférence nationale et ainsi de suite, l'Union africaine n'a rien fait. Il y a le grand barrage de la Renaissance qui oppose l'Éthiopie, le Soudan et l’Égypte, l'Union africaine s’est mise à l’écart. Donc ce n'est pas une surprise.
De toute façon, l'Afrique a un problème à assumer sa souveraineté. Être souverain, c’est être capable de résoudre ses problèmes par soi-même. Donc, il y a des intérêts économiques, les connexions avec les multinationales et les États qui soutiennent le président Kagame et qui profitent du pillage des ressources naturelles de la RDC. Donc des pays africains évitent de bousculer, d'indisposer ces États tutélaires.
En Afrique centrale, l'armée rwandaise est redoutée. Est-ce qu'elle fait peur à certains pays qui, du coup, n'osent pas se fâcher avec Kigali ?
On sait aujourd'hui que l'armée rwandaise est présente dans certains pays où elle protège justement certains intérêts. Je ne veux pas énerver la susceptibilité diplomatique de ces pays-là, il y a le Mozambique, où elle protège ce que vous savez, il y a la Centrafrique. Au Bénin, le Rwanda forme l'armée et on peut continuer la série ! Donc effectivement, c’est un élément qui intervient en conjugaison avec le fait d'éviter d'énerver la susceptibilité des tuteurs.
Je crois que, dans les circonstances actuelles, on doit être un peu plus ferme au niveau des décideurs. Et je crois que, dans ce sens-là, tous les mécanismes de vérification qui ont été mis en place ne valent pas la peine. Il faut les remplacer, à mon avis, par un dispositif de garanties mutuelles. Qu’est-ce que je veux dire par là ? Si on peut déployer le long de la frontière entre la RDC et le Rwanda une force internationale tampon, garantie par le Conseil de sécurité, l'Union européenne et peut-être l'Afrique avec le Conseil paix et sécurité, cela pourra permettre que les Rwandais sortent et que cette force garantisse qu'il n'y aura pas d'incursions.
Parce que le Rwanda parle des FDLR. Que de notre côté, le Rwanda va sortir, le M23 va se replier, rentrer dans ses positions d'antan, et cette force va créer les conditions du dialogue avec le Rwanda. Il faut ouvrir cette perspective-là, me semble-t-il.
Christophe Lutundula, merci.
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